Violoncelliste
Fred
Zoé
Michel
Hélène
Woman
Daniel
Bernard
Desert woman
Yaelle
Yaelle
Half portrait
Mamie
Cédric
RENDRE LES PRÉSENTS ABSENTS
Traditionnellement, le portrait est un genre dont le but est de représenter, de façon ressemblante ou non, un modèle humain. Avec l’invention de la photographie, très vite, un débouché est trouvé dans la réalisation de portraits. L’intervention de l’artiste garantit la ressemblance par la mise en scène et la capacité à diriger le sujet, pour qu’il adopte une attitude familière, de nature à le reconnaître. C’est dans les écrits de Pline que le portrait hérite de sa fonction première : « rendre les absents présents ». La fonction de la photo serait donc de garder une trace, un témoignage, un souvenir de la personne photographiée.
Je suis donc parti du postulat suivant : « Si les portraits rendaient les présents absents ? »
Lorsque de loin, on regarde mes portraits photographiques, on se demande ce que l’on voit. C’est lorsqu’on se rapproche que l’on comprend qu’il s’agit d’un personnage photographié de dos, que le point de vue est inversé. Le fait que la personne soit de dos invite le spectateur à entrer dans l’image, chose que l’on ne fait pas automatiquement lorsque le personnage est de face. On est invité à voir ce que cette personne peut potentiellement regarder. La position du spectateur est donc inversée, il n’est plus face à une personne qui le regarde, qui l’interpelle, avec laquelle il « peut dialoguer ». Le fait de voir le dos de la personne perturbe notre vision du portrait. On retrouve plus ou moins cette question chez Van Eyck et Vélasquez dans cette mise en abîme de la scène, question que j’ai essayé de poser dans mes portraits photographiques.
Le cadrage est volontairement serré, le but étant d’être le plus proche possible de la personne, de se focaliser sur elle. Dans mon travail cette frontalité colorée évite au spectateur de se perdre dans le sensible, de lui donner des indications qui le détourneraient de ce qu’il doit voir. L’emploi des couleurs complémentaires ou opposées permet de fixer l’attention du spectateur sur l’image centrale. Cette idée de fond coloré m’est venue suite à une visite au Kunstmuseum de Bâle. J’y ai redécouvert les portraits de Lucas Cranach. Sur mes photographies, cette couleur saturée, sans gradation attire l’œil du spectateur, fixe son regard, profère un caractère hypnotique. Ce n’est qu’après que l’on porte son attention sur ce qui fait fonction de cadre.
Pour cette partie, j’ai voulu un traitement en noir et blanc pour que l’on identifie bien les différentes parties centrale et périphériques. En s’attardant sur ces cases en noir et blanc, on perçoit des éléments de visage . Les fragments sont volontairement à une échelle différente de l’image centrale. Le fait de « gigantifier » les morceaux permet de ne pas les identifier tout de suite. Le rendu du noir et blanc est volontairement peu contrasté pour que le spectateur ne voit pas tout de suite les parties du visage , que celles-ci ne concurrencent pas l’image centrale. Elles ne représentent pas non plus, la totalité du visage, ce sont des fragments choisis pour les identifier à minima. Mais est-ce pour autant la bonne personne ? On peut se poser la question. Tous ces fragments sont cernés, encadrés comme les éléments d’un vitrail. Dans cette organisation, je fais référence au vocabulaire de l’imprimerie. Les graveurs qui devaient dessiner au burin ou à la pointe sèche sur une plaque de cuivre essayaient leur outil dans la marge de la plaque, ils esquissaient souvent une petite image. En encadrant la figure centrale d’autres fragments plus petits et en noir et blanc, je me permets de mettre en place un dispositif qui matérialise la limite de l’image et qui pose la question du cadre. C’est une sorte de split screen qui s’opère par le découpage de ces fragments d’image. On peut y voir aussi la notion de planche contact, comme si on avait fait des essais au préalable. Parmi ceux-ci, il y a toujours un œil qui regarde le spectateur, qui l’interpelle, l’interroge. On se retrouve dans la position du regardeur regardé. C’est aussi l’élément qui nous permet de ressortir de l’image. C’est une façon de renverser le point de vue, ce n’est plus le spectateur qui regarde mais le portrait qui nous contemple, nous épie, nous interpelle.
Pauline
Laurent
Vince
Yaelle
Cécile
Caro
Cécile
Yaelle
Inside me
Inside me version 2
Elle et moi selfportrait
Sacha
Patricia
Inside me version 3
Caro